La « Nuit de mai » est une des traditions les plus appréciées dans la Wallonie malmédienne. Cette nuit-là est toute entière consacrée à l’amour qui s’exprime à travers les paroles d’une chanson écrite par Florent Lebierre et mise en musique par son frère Olivier.
Ce qui paraît le plus étonnant dans les origines de cette tradition, c’est que la chanson a été interprétée pour la première fois lors du Carnaval dans un rôle. C’était en 1868 ! Les Bin-Vèyous, une société éphémère dont le nom était porté par dérision par une bande de lurons qui n’étaient guère appréciés, ont interprété cette mélodie que tout Malmédien a fredonnée au moins une fois dans sa vie. La chanson dédiée à la Baronne Van der Heyden, épouse du Landrad de Malmedy, fut ensuite traduite en allemand en son honneur.
Il est difficile d’expliquer le succès de cette mélodie qui dit en wallon que le ciel est beau et que dans les champs, les petits oiseaux se reposent quelques heures pendant que les prétendants franchissent bois et haies pour trouver une branche belle assez à aller planter devant le domicile de la dulcinée. Le refrain rappelle que cette nuit est douce ! « Oh quelle belle nuit, que la nuit de mai quand on a le bonheur d’être aimé. »
Vers 22h, les musiciens, les chanteurs ou les groupes d’amis s’apprêtent à rendre visite aux amies et aux responsables des sociétés chorales et musicales.
Lorsque les groupes arrivent près des maisons où ils vont chanter ou jouer, le silence est de rigueur. Au signal donné, voix ou notes montent vers le ciel tandis que la belle regarde discrètement derrière la fenêtre. Une fois la mélodie achevée, il est de tradition de prendre un verre ou une petite collation avant de partir vers un autre rendez-vous. Pour certains, la nuit est très longue et il arrive que le soleil soit levé quand ils vont se coucher après avoir interprété de nombreuses fois cet hymne à l’amour.
Jadis, il existait une autre tradition qui voulait que cette nuit, on plante un « jeune mai » (jeune hêtre), symbole de jeunesse et d’amour, devant la maison de sa dulcinée. Il arrivait également que certaines jeunes filles reçoivent des « pailles » en signe de réprobation pour leur conduite. La tradition d’aller chanter la nuit de mai date de 1868, mais la plantation du « mai » existait déjà auparavant.